En général, les vignerons arrivent à la vigne par atavisme : on est vigneron de père/mère en fils/fille. Pour Luc Roeder, point de tout cela ! S’il est désormais un producteur de vin, c’est pour l’amour d’un paysage bien précis. Le jeune homme, qui est technicien de l’environnement, est littéralement tombé d’amour pour la Hoelt, le versant sud d’un méandre de la Sûre, à Rosport. Si, aujourd’hui, il s’agit du seul terroir luxembourgeois qui ne borde pas la Moselle, on vinifie là depuis des millénaires. Pour Luc Roeder, chaque bouteille est un patrimoine culturel et naturel. Dans les champs en contrebas des terrasses, se trouvent d’ailleurs les traces d’une villa romaine. Et puis, il cultive ce qui semble être les vignes les plus âgées du pays : de l’elbling plus que centenaire, le tout en bio, bien sûr.
Lorsque Luc Roeder achète ces 12 premiers ares en 2009, c’est parce qu’il a conscience que ce petit bijou est un patrimoine sur le point de disparaître. Les murs en pierres sèches des terrasses s’effondrent car produire du vin ici est un tour de force. Aucune machine ne peut passer, tout doit se faire à la main. Mais cela n’effraie pas le néo- vigneron qui s’est engagé dans un travail titanesque : la rénovation de tous ces murs qui abritent une rare biodiversité. Et uniquement à la force des bras, bien sûr !
Avec un peu moins d’un hectare en culture aujourd’hui, il ne ferait pas sens d’avoir sa propre cave. Luc Roeder collabore donc avec Yves Sunnen (Remerschen), le pionnier du bio au Luxembourg. Ses vins sont très purs, son elbling centenaire une vraie curiosité. Depuis 2019, Luc Roeder élabore également un crémant.